Le Cercle de l’Innovation et Coévolution explorent la potentialisation de l’approche C-K / DKCP, accompagnée d’un travail sur la posture.
De la théorie C-K de la conception….
C-K est une théorie axiomatique du raisonnement de conception, mise au point par le professeur Armand Hatchuel au Centre de Gestion Scientifique de MINES Paristech à la fin des années 90. C-K a fait l’objet de nombreuses publications internationales. C’est en effet la première axiomatique générique du raisonnement de conception proposée.
Cette théorie ne fait pas d’hypothèses a priori sur l’identité des objets à concevoir : elle peut s’appliquer à toute situation de conception. Elle fait l’hypothèse de deux espaces distincts (l’espace C des concepts et l’espace K des connaissances). C-K permet de tracer les raisonnements de conception, et de définir et de repérer dans le raisonnement un moment très spécifique, appelé partition expansive par opposition aux partitions dites restrictives. Ce moment correspond à un moment du raisonnement qui a un potentiel d’innovation. Quatre opérateurs permettent de modéliser le raisonnement lorsqu’il passe de l’espace C à l’espace K, de l’espace K à l’espace C, ou qu’il opère au sein de C ou au sein de K.
Elle accompagne aussi bien l’innovation continue que l’innovation de rupture. Elle peut être utilisée pour :
- de l’innovation continue – pas de bouleversement de fond du produit ou du service.
- ou de l’innovation par la pointe – où l’on brise l’identité de l’objet ou du service.
CK peut s’appliquer non seulement aux objets et services mais encore à un modèle d’organisation ou une structure d’entreprise.
…à l’innovation collaborative avec la méthode DKCP
Les ateliers DKCP s’appuient sur cette théorie de façon à organiser la mutualisation des connaissances et l’élaboration de concepts projecteurs. Le but est de favoriser l’émergence de partitions expansives, donc de concepts et de projets en rupture et potentiellement innovants.
La méthodologie DKCP (Definition /Knowledge /Concept /Proposition) a été mise au point à MINES Paris-Tech et à Dauphine, en collaboration avec des consultants et des entreprises partenaires, et en application de travaux fondateurs en théorie de la conception (théorie C-K). DKCP permet de définir une roadmap à court, moyen et long terme d’une stratégie d’innovation et de garder la trace du raisonnement, ce qui permet d’y revenir aisément. Ci-dessous la logique générale de chacune des phases D, K, C et P.
D
Définir le sujet de l’innovation |
K
Mutualiser et agréger les connaissances utiles au sujet |
C
Formuler des concepts innovants |
P
Transformer en projets opérationnels |
- En phase D, on évalue la pertinence du champ d’innovation retenu en regard de la stratégie de l’organisation cliente, et le choix des connaissances et expertises à mutualiser est guidé par la valeur attendue d’un supplément de connaissances produites (∆K).
- En fin de phase K, on élabore les concepts projecteurs qui vont guider la phase C. Cette élaboration est faite, et les concepts choisis, de façon à maximiser la valeur de l’exploration conceptuelle résultante (∆C).
- La phase C est pilotée au regard du potentiel génératif des concepts de départ et à la valeur des couplages nouveaux concepts-nouvelles connaissances qui sont produits.
- En phase P, on prend en compte la robustesse à être transformé en projet (∆P), ainsi que la valeur générative des raisonnements sur les acteurs eux-mêmes : transformation des compétences et des métiers, évolutions de l’organisation et du management (∆A).
Notre axe de recherche : comment augmenter l’efficacité de cette approche éprouvée scientifique en l’accompagnant d’un travail sur l’humain et la posture
Dans le cadre de nos travaux au sein du Cercle de l’innovation, nous étudions l’impact de la complémentarité de la méthode DKCP avec un travail sur la posture des parties prenantes. Nous mettons ainsi en place des expériences alliant un double accompagnement sur la méthode et la posture. Et nous observons l’impact sur cette approche et son potentiel.
Les expériences menées feront l’objet de communication ultérieure.
Auteurs : Albert David, Cercle de l’Innovation & Sylvaine Scheffer, Coévolution