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« Ralentir pour accélérer » : prenons de la hauteur sur la notion de temps

Vous l’avez tous lu, on l’entend partout : les conditions de vie au travail vont vers une croissance exponentielle des rythmes et des charges. Face à ces évolutions, interrogeons-nous : existe-t-il d’autres alternatives que de travailler toujours plus vite ?

La pensée lente ou « slow thoughts »

Le professeur en psychiatrie titulaire à l’université de Montréal, Vincenzo Di Nicola promeut la pensée lente : le « slow thoughts ». Il définit ce concept en s’appuyant sur 7 affirmations :

1. Se promener pour aller à la rencontre de l’autre et engager le dialogue mais sans but précis et sans portable.

2. Aménager un espace en soi, indépendant des contraintes temporelles dans lesquelles nous vivons.

3. La seule justification de l’existence de la pensée lente est l’équilibre, le retour à soi-même et le plaisir.

4. Être ouvert à l’expérience, favoriser une certaine improvisation pour ainsi mieux tirer parti des ressources disponibles et trouver une solution inédite à un problème.

5. Sortir des sentiers battus : faire appel à la réflexion avant la conviction, à la clarification avant l’action.

6. Favoriser plutôt la détente pour libérer les idées toutes faites et les contraintes des traditions.

7. La pensée lente est un acte délibéré, parfois hésitant.

Vitesse et rapidité versus lenteur : une question qui traverse les époques !

La rapidité est spontanément valorisée dans le travail, dans le sport, dans le quotidien. Être rapide, c’est être efficace. Alors, est-ce qu’agir plus lentement/ ralentir, va nous rendre moins efficace ? Philosophes et écrivains se sont penchés de tout temps sur cette question.

Platon mentionne le « long détour », et prône son utilité pour éviter à la pensée de se fourvoyer dans l’immédiateté ou les apparences. Selon lui, pour penser, il faut cheminer : prendre son temps, parcourir, dépasser les évidences, les opinions préconçues, poser les bases de vrais dialogues…

Pour Socratela connaissance est à la fois rapide (inspiration, enthousiasme) et lente (analyse, sagesse) : il y a 2 voies opposées et complémentaires pour parvenir à une juste représentation.

L’écrivain Milan Kundera a lui aussi abordé ce sujet dans son œuvre « La lenteur » :

« La vitesse est la forme d’extase dont la révolution technique a fait cadeau à l’homme. Contrairement au motocycliste, le coureur à pied est toujours présent dans son corps, obligé sans cesse de penser à ses ampoules, à son essoufflement ; quand il court il sent son poids, son âge, conscient plus que jamais de lui-même et du temps de sa vie. Tout change quand l’homme délègue la faculté de vitesse à une machine : dès lors, son propre corps se trouve hors jeu et il s’adonne à une vitesse qui est incorporelle, immatérielle, vitesse pure, vitesse en elle-même, vitesse extase. »

Des interrogations légitimes… mais une certitude scientifique !

Rapidité versus lenteur : nul doute, le débat existe et depuis bien longtemps. Certes, la rapidité, la vitesse de réflexion et d’exécution sont essentielles. Néanmoins, à l’ère du « tout-instantané »,de la surenchère d’informations, et de la performance omniprésente, nous pouvons nous interroger sur les limites et les dérives de cette orientation.

Des études ont démontré qu’une activité telle que la relaxation, la pratique des TOP ou la méditation permet de faire évoluer le cerveau pour le rendre plus performant quant à sa capacité de concentration et aux capacités des  fonctions exécutives telles que l’organisation ou l’élaboration de stratégie.

Une piste à explorer ou à découvrir au travers d’un prochain article. En attendant, si ce sujet vous interpelle, vous avez l’occasion d’en savoir plus lors de notre atelier : Ralentir pour accélérer.

Auteures : Elisabeth Plaoutine & Sylvaine Scheffer.

Références :